L’Education musicale, November 2010
Vincent Paulet possède l’art d’installer un climat dès les premières notes : insérez La Ballade des pendus (1988) dans votre lecteur de CD, et vous vous sentirez aussitôt sur une lande désolée où souffle un vent nocturne et où se dresse le gibet menaçant François Villon. Chaque strophe du poème, chantée avec une compassion concentrée par Isabel Soccoja, fait l’objet d’un commentaire instrumental aux lignes pures et aux fusées s’inscrivant dans une modernité pliée à l’expression la plus sentie. D’un seul souffle, d’une seule âme, les admirables instrumentistes (Jean-Michel Dayez, Florent Héau, le Quatuor Parisii) réunis sous la direction de Nicolas Krüger, semblent exhaler une émotion miraculeusement fusionnelle, toute intempérance susceptible de l’entamer étant soigneusement proscrite. De la même période (1987), la Partita 2 installe dès le premier mouvement le pivot du do grave de la flûte comme pour poser l’assise favorable à la réflexion ; alternent alors l’exubérance et la méditation, menées avec une infinie délicatesse de touche par Marion Ralincourt et Jean-Michel Dayez.
En 1995 et 1996, Paulet développa des éléments issus d’une pièce de théâtre musical : en résultèrent Nuit pour piano, dont les bouillonnements s’éveillent d’une ténébreuse rêverie, puis la Sonate pour violoncelle & piano, jouant de réminiscences stylistiques éparses (dont La Valse de Ravel), mais d’une écriture moins convaincante dans sa nudité. La micro-Sonatine pour violon & piano de 2003 (trois mouvements en trois minutes, qui dit mieux, Webern excepté ?) semble d’abord transformer les instrumentistes en derviches-tourneurs, avant un mouvement central aussi tragiquement désolé que La Ballade des pendus et un finale incisif. La plus récente pièce, Sur un nuage, qui fait tournoyer en moins de trois minutes des humeurs… atmosphériques, précède juste Volcaniques qui sera créée le 19 novembre prochain à Pleyel par l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Lawrence Foster.
Après le poignant De profundis (Hortus : 036), la deuxième monographie consacrée par le label Hortus à Vincent Paulet consacre un créateur mû par une sensibilité soucieuse de sa seule vérité intérieure, indépendamment de tout apparentement d’école.
Sylviane Falcinelli, http://leducation-musicale.com/newsletters
En 1995 et 1996, Paulet développa des éléments issus d’une pièce de théâtre musical : en résultèrent Nuit pour piano, dont les bouillonnements s’éveillent d’une ténébreuse rêverie, puis la Sonate pour violoncelle & piano, jouant de réminiscences stylistiques éparses (dont La Valse de Ravel), mais d’une écriture moins convaincante dans sa nudité. La micro-Sonatine pour violon & piano de 2003 (trois mouvements en trois minutes, qui dit mieux, Webern excepté ?) semble d’abord transformer les instrumentistes en derviches-tourneurs, avant un mouvement central aussi tragiquement désolé que La Ballade des pendus et un finale incisif. La plus récente pièce, Sur un nuage, qui fait tournoyer en moins de trois minutes des humeurs… atmosphériques, précède juste Volcaniques qui sera créée le 19 novembre prochain à Pleyel par l’Orchestre philharmonique de Radio France sous la direction de Lawrence Foster.
Après le poignant De profundis (Hortus : 036), la deuxième monographie consacrée par le label Hortus à Vincent Paulet consacre un créateur mû par une sensibilité soucieuse de sa seule vérité intérieure, indépendamment de tout apparentement d’école.
Sylviane Falcinelli, http://leducation-musicale.com/newsletters