pour mezzo-soprano, clarinette, quatuor à cordes et piano
À la lecture de l’« Épitaphe de Villon, en forme de ballade », chacun, je pense, aura été marqué par la vision (historique ou légendaire) du poète reconnaissant, du fond de sa prison, que c’est « par justice » qu’il a été condamné, et nous implorant, nous, ses semblables, de prier pour qu’il lui soit pardonné. Cet équilibre entre réalisme et espoir, Villon ne l’applique pas qu’à lui-même : dépassant le cadre de sa propre destinée, c’est à tous ses « frères humains » qu’il adresse le message de l’humanisme chrétien .
_ En mettant en musique la « Ballade des pendus », je n’ai rien cherché d’autre que de laisser s’épanouir la musicalité du texte de François Villon, dans sa sobriété et sa puissance d’expression tout à la fois. Mon premier travail fut d’ailleurs d’écrire la seule partie vocale. J’ai tenu également à mettre en valeur la construction du poème (en trois strophes et un envoi) en intercalant deux commentaires purement instrumentaux, l’un à la suite de la première strophe, l’autre dans le prolongement de la deuxième. La troisième strophe, elle, fait irruption dans l’ensemble de la pièce comme un scherzo au milieu d’une symphonie ; car c’est une danse, dans l’esprit des danses macabres médiévales. Quant à l’envoi final, ce n’est ni plus ni moins qu’une prière, puisque cette fois Villon s’adresse directement au « Prince Jésus » pour obtenir miséricorde ; les cinq dernières notes de la partie de premier violon, dans le suraigu, citent le début d’une antienne grégorienne : « In paradisum »…
_ Écrite en 1988, la « Ballade des pendus » m’a été commandée par l’entreprise rémoise Prats et Bonany sur la proposition du clarinettiste Michel Bienaimé (à qui l’œuvre est dédiée), lequel, en compagnie d’Annie Tasset, soprano, du quatuor Parisii et de Jacques Moreau, piano, en donnèrent la première audition lors du Festival de Reims. Placés sous la direction de François Boulanger, les mêmes musiciens en réalisaient peu après le premier enregistrement discographique.
Vincent Paulet
poème de François Villon
composition : 1988
commande de l’entreprise Prats et Bonany pour le Festival de Reims 1988
création : 1988, Reims, Palais du Tau, par Annie Tasset (sop.), Michel Bienaimé (cl.), le Quatuor Parisii et Jacques Moreau (piano)
Durée : 20’
Éditeur : Billaudot
discographie :
Isabel Soccoja (mezzo), Florent Héau (cl.), le Quatuor Parisii, Jean-Michel Dayez (piano), Nicolas Krüger (dir.), 2010 (La ballade des pendus, HORTUS 080)
Annie Tasset (sop.), Michel Bienaimé (cl.), le Quatuor Parisii, Jacques Moreau (piano), dir. François Boulanger, 1989 (BNL, « Festival Reims- Champagne-Ardenne » BNL 112752 A, épuisé)
également au répertoire d’Yves Sévère (cl.), le Quatuor Liger, Yves Marat (piano), l’Atelier Musical de Touraine, l’ensemble 2E2M, Nvart Andreassian, Philippe Aïche, Franck Ollu et Ludovic Potié (dir.)
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